La file indienne

ORTUÑO Antonio

Mexique, 2011. Avocate Ă  la Commission Nationale des Migrants, Irma est envoyĂ©e Ă  Santa Rita oĂč un centre d’hĂ©bergement vient d’ĂȘtre sauvagement incendiĂ©. Elle quitte un mari lĂąche et raciste et emmĂšne sa petite fille. Les nombreuses victimes sont des CentramĂ©ricains contraints de traverser le Mexique pour atteindre les États-Unis. La situation est confuse et d’autres crimes de masse se produisent, oeuvres de bandes rivales de passeurs et de trafiquants de drogues avec la complicitĂ© probable de fonctionnaires haut placĂ©s. Les enquĂȘtes piĂ©tinent. Un journaliste trop curieux risque gros. Irma et sa fille sont bientĂŽt en grave danger.  Alternant rĂ©cits indignĂ©s ou angoissĂ©s d’Irma, Ă©panchements minables de son mari, un « beauf » Ă  la mexicaine assez effrayant, et communiquĂ©s officiels hypocrites et ridicules, ce thriller ne manque pas d’humour. C’est aussi la satire d’une nomenklatura grotesque et corrompue qu’Antonio Ortuño avait dĂ©jĂ  fustigĂ©e dans Le Chasseur de tĂȘtes (NB juin 2008). Meurtres, viols, actes sadiques en tout genre sont dĂ©crits avec une grande prĂ©cision. MalgrĂ© l’outrance propre Ă  ce genre littĂ©raire, ce qui accroche dans ce roman bien documentĂ© est l’exploitation Ă©hontĂ©e de l’absolue misĂšre de milliers de gens Ă  la recherche vaine d’une vie meilleure. (P.S. et M.-C.A.)