La carte des Mendelssohn

MEUR Diane

En rĂ©alisant que FĂ©lix, le compositeur, Ă©tait le petit-fils de Moses, le philosophe du XVIIIe qui, sans renier son judaĂŻsme, prĂŽna la libertĂ© de culte, la narratrice s’interroge : mais qui Ă©tait donc Abraham, leur trait d’union, ce fils du premier qui fut pĂšre du second ? Cet « entre-deux-gĂ©nies » peu connu ne ferait-il pas un bon personnage de roman ? Commence depuis Berlin une recherche gĂ©nĂ©alogique interminable. Transcrit sur fiches en couleur reliĂ©es entre elles par catĂ©gories, ce travail minutieux d’écrivain dessine bientĂŽt une « carte » tentaculaire qui envahit son salon et l’emmĂšne aux confins du monde et de l’Histoire.

 À dĂ©faut de faire d’Abraham le personnage espĂ©rĂ© et d’écrire le roman des Mendelssohn, Diane Meur (Les villes de la plaine, NB octobre 2011) s’amuse – c’est le mot – Ă  tester toutes les combinaisons possibles Ă  partir d’un ancĂȘtre illustre. Émerge alors une fantaisie au caractĂšre savamment incontrĂŽlĂ©, oĂč se manifeste une culture jubilatoire et foisonnante. Le vrai roman est lĂ , Ă©crit Ă  notre insu, celui du « vĂ©cu » de l’auteur menant sa recherche, sans savoir oĂč elle va ni quand elle s’arrĂȘtera. Quelques longueurs en dĂ©coulent, aussitĂŽt pardonnĂ©es, gagnĂ© que l’on est par un enthousiasme contagieux. (A.Lec. et C.V.)