La ballade du calame

Atiq Rahimi (Maudit soit Dostoïevski, NB mai 2011) voudrait raconter son exil : la page reste blanche. Surgit soudain la dernière vision – métaphorique – de son pays : la neige laissée derrière lui avec l’empreinte de ses pas. C’est désormais par l’écriture, par le geste, par la calligraphie qu’il va s’exprimer, non sans tâtonnements. Souvenirs douloureux de son apprentissage de l’alphabet… et plaisir d’écrire désormais librement, jusqu’à créer des « callimorphies », nus féminins inspirés des caractères sensuels de l’alphabet arabe. Dans une large introspection il mêle les trois religions monothéistes à la source de son humanité grâce au métissage des cultures. L’analyse de ses apprentissages le conduit à la découverte, dans son inconscient, d’une triple absence : sa mère, sa terre, sa langue. Esprit universel et érudit, peintre et poète, il célèbre le calame, ce roseau fin taillé en pointe qui remonte aux origines de l’écriture. Une réflexion existentielle savoureuse et une langue chatoyante. (F.G. et M.-C.A.)