La balançoire

FOUDA-ONDOA J.

Juliette est partie du Cameroun à quatorze ans faire des études en Espagne, puis en France. À quarante ans, elle a deux enfants et quitte Paris pour le Bénin dont son mari musicien est originaire. Ensemble, ils ont de beaux projets, mais rencontrent des difficultés imprévisibles. Car l’Afrique d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier. Le Bénin démocratique amorce un boom économique qui ne profite qu’à une minorité. Alors le vol et la corruption gangrènent la société. Pour assumer les dettes et la vie courante, Juliette fait tous les métiers, tout en soutenant son mari… Le récit de J. Fouda-Ondoa est autobiographique. Issue d’une famille métissée africaine, la chaleureuse narratrice cumule deux cultures : elle est blanche à peau noire. Cela lui donne du recul vis-à-vis de la France et du Bénin qu’elle juge lucidement, et la fragilise car elle n’est de nulle part. Si elle s’obstine en Afrique, en dépit des déboires, c’est qu’elle pense avoir un rôle à jouer en tant que femme. Pour effacer un passé de domination blanche masculine, refuser la vénalité et perpétuer l’art de vivre traditionnel de ses souvenirs, toujours vivant dans l’arrière-pays. Les maladresses de style ne gênent pas ce témoignage sincère, évocateur, émouvant, tonique. (L.G. et M.-N.P.)