Pour définir selon quels critères on doit se comporter, les philosophies politiques libérales, utilitaristes et libertariennes américaines prônent le libre choix, l’Etat minimal ou la recherche du bonheur individuel. Mais, pour l’auteur, liberté et marché ne suffisent pas, il faut faire intervenir raison et éthique (Kant), rechercher l’adhésion du citoyen (Rawls), introduire le mérite moral (Aristote) et plus d’égalité. D’innombrables cas de dilemmes politiques et moraux, avec les jugements contradictoires suscités, illustrent ces débats théoriques. En fin de parcours sont proposées quelques pistes pour une société moins individualiste, privilégiant l’intérêt commun. Professeur à Harvard, Michael J. Sandel s’oppose aux idées libérales des années Reagan, à l’Etat neutre comme au consumérisme ; il voudrait que le bien commun fondé sur des pratiques plus collectives (sens civique) soit davantage promu. Son enseignement basé sur le débat lui permet de poser des problèmes cruciaux. Il tente de faire évoluer les mentalités américaines sur les fondements d’une société équitable, à partir d’une conception morale et nationale différente du juste et de l’injuste. Son analyse intègre la forte imprégnation religieuse du pays. L’ouvrage – dense – contient des analyses intéressantes, mais un peu noyées dans le flot d’exemples exclusivement américains. (S.La. et A.Le.)
Justice
SANDEL Michael J.