Froid, Métro, Labyrinthe

PINEDO Rafael

Un monde post-apocalyptique, si l’apocalypse est aussi climatique : il fait très froid, très, très froid dans le monastère abandonné par ses occupantes où seule a décidé de rester une d’entre elles. Comment survivre dans ce lieu de culte qui a perdu son âme, ses âmes… Un souterrain nommé métro, dans lequel l’obscurité est absolue. Une jeune femme enceinte est poursuivie par des chiens ivres de sang. Comment fuir, retarder leur poursuite, perdre pied dans un puits vertigineusement profond où les sons seuls permettent de se repérer ?  Et pour clore cette trilogie noire, un espace absolument vertigineux : le labyrinthe, celui dont la seule sortie est d’accepter d’y vivre…

On ne sort pas indemne de la lecture de ces trois nouvelles hallucinées, baignées d’épouvante. Étonnamment, on va jusqu’au bout de la lecture de ces textes construits, les deux premiers surtout, avec un souci du suspense, les personnages au bord de l’abîme nous entraînant dans leur mécanique de survie. Tout y est des fondamentaux de l’horreur : le froid, la boue, le gluant, des rats et des chiens, des insectes hideux pour pitance, les murs à lécher pour étancher sa soif, des sensualités bestiales, qui font trouver l’univers de Jérôme Bosch simplement grotesque, ceux de Goya et de Füssli terrifiants mais à hauteur d’homme. Ici rien n’est explicable sinon du côté du fantasme et des thèmes récurrents de la littérature fantastique avec, dans cette décomposition de l’humain, quelques éclairs de tendresse résiduelle. Un antidote radical au feelgood, un jeu d’invention du pire dont l’humour noir serait le mot-clé.   (C.B et J.G)