Saint-Ătienne, 1868. Cohabitent, dans les bas-fonds du bassin minier, le monde du prolĂ©tariat, reprĂ©sentĂ© par la famille Pasteur, et, dans la ville haute, celui de la bourgeoisie, incarnĂ© par les Chazot, Ă la tĂȘte de la sociĂ©tĂ© miniĂšre. Chez les Pasteur, dont le quotidien est rythmĂ© par la misĂšre, la pĂ©nibilitĂ© du labeur, la menace du grisou, Louise, institutrice, fait figure dâexception. Ayant hĂ©ritĂ© de lâamour des livres de sa grand-mĂšre ClĂ©mence, elle rĂȘve de sâaffranchir de son milieu, tout en restant extrĂȘmement attachĂ©e Ă ses racines.
ĂpopĂ©e familiale, Ă lâĂ©criture simple et sobre, ce roman de Françoise Bourdon (Les sentiers de l’aube, Les Notes mai 2025) est une vĂ©ritable fresque historique et sociale, qui sâĂ©tend de 1868 Ă 1914, et nous entraĂźne de Saint-Ătienne Ă Chicago, en passant par Londres. Avec le personnage de Louise, le roman s’inscrit dans la lignĂ©e de la littĂ©rature du XIXe siĂšcle (Zola…) ; Ă travers son combat, aux cĂŽtĂ©s de son frĂšre Simon et des collectifs travaillistes français et amĂ©ricains, est livrĂ© un vibrant hommage aux luttes sociales ouvriĂšres de la fin du XIXe siĂšcle, ainsi quâĂ celle pour lâĂ©mancipation de la femme, qui peine encore, Ă cette Ă©poque, aussi bien dans la sociĂ©tĂ© que dans la famille, Ă sortir du rĂŽle du prolĂ©tariat. Un roman complet, touchant de rĂ©alisme et, somme toute, assez prenant. (A.Bo. et A.Le.)
