Feu pour feu

Il a fait le mort parmi les cadavres après le passage d’une horde sanguinaire dans son village, arraché sa fille Adama du ventre de sa femme assassinée, et fui la Terre Noire, son enfant sur le dos. Il a pris un bateau pour le Continent Blanc, échoué dans un camp de réfugiés, puis un autre dont il s’est évadé à la faveur d’un incendie pour rejoindre une grande ville où, comme journalier, il a gagné péniblement des papiers et un logement. Mais avec ses deux amies, Adama, qui a quinze ans maintenant, a mis le feu dans une boîte à lettres, provoquant un incendie meurtrier. La voix du père, digne et retenue, égrène sa terrible histoire. S’intercale celle, brève et décevante, de sa fille relatant dans le langage des cités (à peine compréhensible) l’origine dérisoire d’un acte stupide. Après À défaut d’Amérique (NB avril 2012), ce roman poignant, très court, illustre la douleur de beaucoup d’exilés, hantés par leur passé, « greffons » exemplaires dans un pays d’accueil souvent hostile, et l’amour mêlé d’incompréhension et de culpabilité d’un père qui n’a pas su communiquer pour protéger l’adolescente d’elle-même.