Été, quelque part des cadavres

YEON-SEON Park

Le lendemain des funérailles de son grand-père, à Duwang-ri, « un angle mort de la civilisation » en Corée du sud, Musun découvre avec stupéfaction que ses parents sont repartis à Séoul, la laissant seule, pour un mois, avec Mémé, entre travaux des champs et feuilleton télé du soir. À pleurer ! Mais la chance lui sourit dans un de ses dessins d’enfant, vieux de quinze ans, comme une énigme à déchiffrer d’autant que, ce printemps-là, lui apprend Mémé, quatre jeunes filles disparurent en même temps du village. De quoi donner enfin des couleurs à ce matin calme… Elle entraîne dans l’aventure l’héritier des Yu, un adolescent de 16 ans, dont la sœur aînée compte justement parmi les disparues.

Étrange enquête, menée par ce trio hors norme de personnages bien campés, attachants et drôles, chacun à sa manière. Le chemin vers la résolution de l’intrigue est loin d’être académique : la romancière s’amuse, désinvolte, à dénouer les fils, polar exige. Chemin faisant, elle peint avec jubilation un monde rural fait de travail, de traditions et de silences dont les codes résistent à la modernité des villes. L’écriture du roman, en chapitres aux titres fleuris, qui ne boude pas une touche d’irréalité ni un décalage burlesque, ajoute une touche supplémentaire à un savoureux dépaysement. Remarquablement traduit. (C.B. et S.H.)