Shakespeare ne serait-il pas le comte d’Oxford, Edward de Vere, plutĂŽt que le fils d’un boutiquier, s’est demandĂ© Freud ? Ne serait-ce pas Corneille qui aurait Ă©crit Don Juan plutĂŽt que MoliĂšre, suppose-t-on parfois ? Tout auteur est multiple, Ă la fois homme, crĂ©ateur, et image construite par les lecteurs. Romain Gary, alias Ămile Ajar, s’est lui-mĂȘme jouĂ© de toutes ces facettes, alors, pourquoi ne provoquerions-nous pas des changements d’attribution ?
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Comment parler des livres que nous n’avons pas lus (NB mars 2007), s’Ă©tait dĂ©jĂ demandĂ©, pour notre plus grand plaisir, Pierre Bayard, universitaire, professeur de littĂ©rature française. Bien au-delĂ d’un truc pĂ©dagogique, l’auteur propose ici un jeu littĂ©raire, plus sĂ©rieux qu’il n’y paraĂźt, tant il suscite de dĂ©couvertes et Ă©largit le champ des rĂ©flexions. En attribuant L’Ătranger Ă Kafka, Le CuirassĂ© Potemkine Ă Hitchcock, ou le cĂ©lĂšbre tableau, Le Cri, Ă Schumann, il change les perspectives et incite Ă une recrĂ©ation. On le suit, avec bonheur, dans ses fantaisies anachroniques mais argumentĂ©es et tout Ă fait convaincantes, mĂȘme s’il faut parfois faire une recherche pour retrouver l’auteur rĂ©el…
