Et les hommes sont venus

Angleterre, deux femmes : Petite Abeille, jeune Nigériane échappée par chance d’un centre de rétention administrative dans l’Essex, et Sarah l’énergique directrice d’un magazine féminin londonien. Tout les sépare, et pourtant un événement les a unies. Lequel ? Petite Abeille a connu l’enfer quotidien et la violence au Nigeria, puis celui de la rétention en Angleterre, et se bat pour vivre. L’enfer de Sarah est d’un tout autre ordre : continuer à supporter un mari dépressif et assouvir ses pulsions dans les bras d’un amant complaisant. À chacune sa lutte.

À travers les récits alternés de ces deux femmes, ce sont deux civilisations qui s’opposent. Comme avec Incendiaire (NB juin 2006), Chris Cleave ne fait pas dans la douceur. Une charge contre l’attitude du Royaume-Uni envers les demandeurs d’asile ressort clairement. L’horreur et les violences subies par Petite Abeille sont décrites avec un réalisme convaincant, mâtiné d’humour. Un soupçon de chaleur humaine et de solidarité affleure néanmoins dans cette désespérance. Personnages et situations sont parfois difficilement crédibles, mais le récit est mené avec une belle efficacité.