En s’agenouillant

BILLETDOUX Marie

1953. Jean, admirateur de Paul ValĂ©ry et royaliste, vient d’Ă©chouer au concours de Sciences Po. Durant l’Ă©tĂ©, sĂ©journant dans la campagne picarde chez sa mĂšre, veuve et bigote, il Ă©change des lettres avec ses amis, et notamment avec Lim, originaire de Saigon qui prĂ©pare Normale Sup. Ils sont tombĂ©s amoureux en une seule soirĂ©e. À l’automne, c’est le retour Ă  Paris, aux Ă©tudes, aux soirĂ©es bavardes, et Ă  l’amour. La soeur de Jean, fĂ©ministe avant l’heure, est la honte de la famille. Mais lui-mĂȘme n’est sans doute pas aussi charmant qu’il en avait l’air.

 

Aux courriers autobiographiques (C’est encore moi qui vous Ă©cris, NB mars 2010) succĂšde le roman Ă©pistolaire. Les Ă©changes se resserrent autour de la relation entre Jean, le dandy dĂ©sinvolte, et Lim, l’apprentie philosophe torturĂ©e. Les personnages prennent corps progressivement, avec leurs grandes espĂ©rances intellectuelles ou sentimentales, suivies de cuisantes dĂ©sillusions. L’Ă©poque se dessine en arriĂšre plan : figures intellectuelles, grands Ă©vĂ©nements, relations homme/femme, conservatisme. Cet exercice de style – l’auteur est une virtuose de l’écriture et sa palette est riche – n’évite pas toujours la prĂ©ciositĂ©, voire le pĂ©dantisme. Et des ellipses Ă©garent parfois la comprĂ©hension.