Deux brûle-parfums

CHANG Eileen

“Jeune Madame’”, qui approche tout de même la cinquantaine, est une grande mondaine riche, veuve et sans enfants. Bien que reniée par sa famille, elle accepte de se charger de l’éducation d’une nièce, comptant bien y trouver profit… Dans une seconde histoire, Roger Empton, professeur d’université, va épouser Susie, de vingt ans sa cadette. Le soir des noces, la jeune mariée s’enfuit, épouvantée par sa découverte du désir masculin. Eileen Chang est née en 1920. Ce livre, écrit comme Love in a Fallen City (NB mai 2014), en 1943, abrite deux courts romans consacrés chacun à un destin, dans la moiteur de la Hongkong coloniale. Cette étude de moeurs, habilement abordée côté chinois puis côté anglais, garde un caractère intemporel. Murés dans leurs propres drames, les personnages font face aux conventions sociales et au racisme de classe. La réputation est le bien à préserver et, si la veuve qui utilise sa protégée pour attirer les hommes semble s’en moquer, la perte de sa dignité affecte profondément l’enseignant. La narration très descriptive paraît un peu lente, mais c’est le temps nécessaire au parfum pour qu’il se consume et que chancellent les flammes fragiles des vies. (Maje et E.L.)