Des chauves-souris, des singes et des hommes

CONSTANT Paule

Olympe, la petite fille rejetĂ©e par la tribu, un bĂ©bĂ© chauve-souris au creux des mains, regarde les garçons revenir au village, triomphants : ils ramĂšnent le cadavre d’un gorille, tous peuvent se gorger de « viande de brousse ». À proximitĂ©, le petit dispensaire est la derniĂšre station le long de la riviĂšre. Les religieuses y accueillent Agripppine, mĂ©decin expĂ©rimentĂ© qui prĂ©voit une campagne de vaccination, et Vincent, jeune ethno-sociologue, qui Ă©tudie l’impact sanitaire des perturbations du milieu naturel. Enfin, circulant en pirogue avec sa pacotille, le Docteur DĂ©sir, colporteur avide, rĂ©cupĂšre la peau du gorille Ă  des fins magiques et lucratives
  Les personnages sont en place pour le dĂ©sastre. Il progresse, implacable, dans la touffeur de l’Afrique oĂč s’affrontent les cultures ancestrales, les restes d’une mĂ©decine coloniale sommaire, la modernitĂ© scientifique, les idĂ©alismes ou les aveuglements. Les psychologies sont explorĂ©es dans leur abyssale diversitĂ©. La duretĂ© du quotidien se teinte de l’imaginaire des hommes, de la sauvage grandeur de la nature. Une question se pose, qui sous-tend le texte factuel et Ă©vocateur : comment, pourquoi naissent les Ă©pidĂ©mies, comment les affronter ? Paule Constant (C’est fort la France, NB janvier 2013) explore magistralement la terrifiante complexitĂ© du problĂšme. (M.W. et Maje)