Dans la peau d’un chef de gang

Étudiant d’origine indienne, Sudhir débarque en 1989 à Chicago pour un doctorat en sociologie. Son sujet : l’économie de la drogue dans les banlieues noires de la ville. La naïveté de son approche initiale est immédiatement battue en brèche par J.T., un jeune chef de gang prometteur. Entre eux s’établit une étrange relation. À la fois protégé et tenu à distance des activités illégales par le « parrainage » de J.T., Sudhir devient « l’Indien qui traîne avec les gangs », et se fond dans le décor des Robert Taylor Homes. Il comprend vite que, pour aller plus loin dans son étude, il va devoir s’affranchir de la tutelle de son mentor…

Loin de la rigueur d’une thèse sociologique, le récit à la première personne, très postérieur aux faits mais précis grâce aux notes prises durant cette longue étude, donne à l’expérience de Sudhir les allures d’un thriller dans la veine du roman noir américain. Les risques encourus, les cas de conscience qui se sont parfois posés, l’ambiguïté de la relation qui le liait à un criminel : loin de les nier, l’auteur les analyse avec une grande lucidité, et sait transmettre à un lectorat de grands ados et adultes les échos d’une expérience unique, souvent violente, passionnante à lire de bout en bout, malgré certaines longueurs.