Cheval

MORGIÈVE Richard

Les années soixante. Les Cheval père et fils sont « dans le manège » depuis le XIXe siècle. Quelque peu marginaux, ces forains vivent près d’une décharge dans un vaste domaine dont ils ont hérité. Ces as de la débrouille bricolent à droite et à gauche : récupération, mécanique, ferronnerie… Très tôt livré à lui-même, le jeune garçon est un malin qui peuple sa solitude en exprimant spontanément le fil de ses pensées : il se plaint de son nom, de son père, de leur misère, il parle à sa queue, rêve d’éjaculer, confie ses peines et ses rêves inaccomplis, dort dans un corbillard, se fait son cinéma devant la télévision en panne, fantasme sur des filles, tente de se pendre, se venge sur la vierge Marie qu’il aime comme une mère…

 Avec le sens de la ponctuation et la crudité de vocabulaire qu’on lui connaît (Miracles et légende de mon pays en guerre, N.B. octobre 2007), Richard Morgiève excelle une nouvelle fois à se glisser dans la peau d’un jeune garçon. Dans ce soliloque teinté d’humour et de dérision, de poésie mêlée de tendresse, l’auteur sait créer un univers empreint d’humanité. Un plaisir pour qui n’a pas froid aux yeux.