Ces jours qui disparaissent

LE BOUCHER Timothé

Voici l’histoire d’un jeune homme, caissier par nĂ©cessitĂ© dans un supermarchĂ©, et consacrant ses loisirs Ă  une troupe d’artistes amateurs oĂč il est acrobate. Une mauvaise chute et un choc au niveau des cervicales bouleversent sa vie : le soir mĂȘme, il s’endort comme d’habitude, mais ne se rĂ©veille que le surlendemain. Que s’est-il passĂ© durant la journĂ©e oĂč il est restĂ© inconscient ? Le phĂ©nomĂšne se poursuit. Il ne vit plus qu’un jour sur deux. Naturellement, ses absences lui font perdre son boulot, et le handicapent physiquement dans ses exercices pour le spectacle. Il dĂ©couvre vite que son corps ne reste pas inoccupĂ© pendant ses moments de lĂ©thargie : un autre lui-mĂȘme, physiquement identique, mais d’une personnalitĂ© trĂšs diffĂ©rente, occupe son anatomie, et mĂšne une vie toute autre. Nos deux compĂšres tentent de communiquer grĂące Ă  l’ordinateur commun, d’adapter leur modus vivendi, de trouver des solutions dans leurs relations affectives, sachant que si leurs personnalitĂ©s s’échangent en pleine nuit, la compagne de la nuit, elle, ne change pas ! On imagine les consĂ©quences. Cela aurait pu durer longtemps, jusqu’à ce qu’un psychiatre s’en mĂȘle
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  Il est rare de commencer la lecture d’une BD en se trouvant immĂ©diatement, et Ă  ce point, accrochĂ© par son originalitĂ© et par son rĂ©cit Ă  la fois Ă©trange et sensible. C’est bien le cas du travail de TimothĂ©e Le Boucher. Sa description d’une Ă©trange schizophrĂ©nie devient presque vraisemblable, et on suit avidement l’évolution. A l’art du rĂ©cit dans ce volumineux roman graphique, s’ajoute un support de qualitĂ©, le dessin dĂ©licat, oĂč la finesse des traits s’appuie sur de douces et pĂąles couleurs qui ajoutent une grande sensibilitĂ© Ă  l’album. À ne pas manquer.

(Y.H. et P.P.)