Ce parfum rouge

RÉVAY Theresa

FĂ©vrier 1934, Nine DuprĂ©, jeune ingĂ©nieure chimiste, travaille successivement chez les plus grands parfumeurs de l’époque, Coty, Givaudan, Chanel, entre Lyon et Paris. Elle est la fille d’Étienne DuprĂ© cĂ©lĂšbre parfumeur français dont la famille Ă©tait installĂ©e Ă  Moscou depuis l’Ă©poque des tsars. NĂ©e lĂ -bas elle a du fuir avec sa mĂšre et son frĂšre lors de la rĂ©volution bolchevique au cours de laquelle son pĂšre a disparu, probablement dans les geĂŽles du parti. Depuis elle vit dans le culte de ce pĂšre qui lui a tout appris sur les senteurs. Lors de la rĂ©ception d’une dĂ©lĂ©gation soviĂ©tique organisĂ©e par Édouard Herriot à la Mairie de Lyon, elle sent, porté par une femme proche de Staline, un parfum unique créé pour elle par son pĂšre…

Theresa RĂ©vay (La nuit du premier jour, Les Notes octobre 2020), aprĂšs avoir fait d’innombrables recherches, raconte l’histoire glorieuse de la parfumerie française dans les annĂ©es 1930 et de son grand-oncle LĂ©on Givaudan, crĂ©ateur des Parfums Givaudan. C’est la pĂ©riode oĂč Staline veut dĂ©velopper un art de vie raffiné à la Russe et fait appel Ă  l’art de vivre français
 sur fond d’arrestations et de terreur. On navigue entre Lyon et Moscou dans une histoire pleine de suspense, entre liaison amoureuse, atmosphĂšre stalinienne et mystĂšre soigneusement entretenu. On se perd dans les rues, les restaurants, les grands lieux. Mais, en plus du contexte historique bien campĂ© et mettant en scĂšne des personnalitĂ©s connues aux cĂŽtĂ©s des personnages fictifs, c’est aussi un subtil voyage olfactif passant d’une senteur Ă  une autre, chacune Ă©voquant un moment, une pensĂ©e, une sensation. On se laisse porter par cette histoire historico-romanesque qui procure un trĂšs agrĂ©able moment de lecture. (A.M. et M.-N.P.)