Car la nuit s’approche

C’était un talentueux quatuor d’amateurs éclairés. Chaleureux, sans fausse note entre Jochem, luthier altiste, sa femme Caroline, médecin violoncelliste, et les deux violons, Heleen infirmière et Hugo concepteur artistique. Une explosion criminelle va les blesser corps et âme, vandalisant leurs instruments, polluant leur amitié. Il y a bien des mois déjà. Mais l’onde de choc perdure : le quatuor s’est déconstruit. Chacun survit à sa façon : Jochem se barricade, Caroline déprime, Heleen culpabilise et Hugo s’agite. Jusqu’à ce que Caroline décide de partir. Ce sera la Chine…  Dans cet ouvrage, Anna Enquist donne des nouvelles des protagonistes de son précédent roman, Quatuor (NB mars 2016). L’auteure, poète, romancière, pianiste, est psychanalyste. Elle éclaire leur évolution de ce quadruple regard. Sa part littéraire arrondit et illustre ce qui aurait pu être un abord trop professionnel du psychisme et de la musique. Ainsi armée, elle plonge dans une observation fine et fouillée, mais allusive, de la diversité d’expression des dissonances induites par le stress post-traumatique chez ces musiciens. Les phases sont courtes et précises, le tempo est saccadé. Sans avoir lu Quatuor, on suit agréablement et facilement ce récit bouclé par un épisode bref qui surprend un peu. (C.R.P. et M.-N.P.)