Big Daddy

Rody, treize ans, a tué trois malfrats ; Nikki, jeune avocate commise d’office, n’a pu empêcher une condamnation à perpétuité sans libération conditionnelle. Elle le prend en charge en prison et lui propose d’écrire à quatre mains leur histoire respective. Orphelin pauvre, Rody s’est attiré la protection paternelle d’un truand prestigieux, Big Daddy, dont la cruauté l’a finalement poussé au crime. Fille d’un avocat renommé, Nikki, traumatisée par une enfance douloureuse, a abandonné le barreau pour une librairie. Le livre achevé, elle l’utilise pour faire réviser le procès huit ans après. La presse s’empare de l’affaire…  Chahdortt Djavann, d’origine iranienne, écrit en français (Comment peut-on être français ?, NB, mars 2006). Ce roman est habilement construit. D’abord alternent les voix du fascinant garçon et de son ex-avocate pleine d’une empathie ambiguë. Puis la narratrice raconte son combat et ses lendemains. Le banditisme au sud des États-Unis, le fossé entre deux classes sociales sont décrits de manière saisissante ; quelques scènes sont très violentes. L’analyse des caractères, de la relation entre les deux principaux personnages, simultanément fine et floue, laisse s’insinuer le doute. Les rebondissements inattendus se bousculent au terme de cet ouvrage troublant et réussi.(L.G. et V.A.)