Beaux rivages

BOURAOUI Nina

Elle ne s’était doutĂ©e de rien, sĂ»re de leur bonheur. Pourtant, mettant Ă  l’index huit annĂ©es de complicitĂ©, Adrian la quitte pour une autre. Elle s’ancre alors dans la tristesse et ce n’est qu’aprĂšs un long cheminement que les signes annonciateurs du dĂ©samour, si savamment occultĂ©s, reviennent en mĂ©moire.

 

 Nina Bouraoui s’interroge sur le bonheur. Peut-on le quantifier, le garder, l’égarer ? Perdre et se perdre puis se reconquĂ©rir ; ce roman obsessionnel et construit sur des ruines ne fait aucune Ă©conomie du rĂ©el et emprunte tous les chemins de la dĂ©vastation. Du ressentiment Ă  la haine, de la colĂšre Ă  la tentative de reconquĂȘte, du naufrage mĂ©dicamenteux au cierge votif, tout y est. La narratrice se fabrique mĂȘme une souffrance physique, traduction psychosomatique de son dĂ©sarroi. Moins dĂ©sabusĂ©e que Standard (NB fĂ©vrier 2014), cette histoire universelle oĂč tout est juste, sans doute, recĂšle cependant toutes les constantes des rĂ©cits de rupture amoureuse. DĂ©laissant le « je » pour l’anonymat d’une majuscule, l’auteur adapte le rythme des phrases Ă  celui de sa narration. Complaisant dans l’apitoiement sur soi-mĂȘme, ce roman morose ne parvient pas Ă  Ă©mouvoir malgrĂ© son Ă©lĂ©gante Ă©criture et un Ă©pilogue apaisĂ©. (Maje et M.S.-A.)