Avec trois brins de laine (on peut refaire le monde)

CRISTINA Henriqueta, KONO Yara

Il a fallu partir : en dĂ©pit du soleil, la vie devenait bien sombre. Dans le nouveau pays en revanche, au dĂ©but, les rides se sont estompĂ©es sur le front de son pĂšre. Pour elle, l’école ! La vie leur souriait Ă  nouveau. Mais l’hiver est venu, trĂšs gris dans l’uniformitĂ© de la ville oĂč les adultes, vĂȘtus de brun, marchaient, moroses et silencieux. OĂč, mĂȘme colorĂ©s, les vĂȘtements des enfants n’introduisaient aucune gaietĂ© dans le paysage urbain. Jusqu’au jour oĂč sa mĂšre prit des aiguilles Ă  tricoter
 Une histoire d’exil comme tant d’autres. Seul indicateur : les rides plus ou moins creusĂ©es sur le front du pĂšre, car l’enfant qui raconte est sensible Ă  la couleur affective des jours autant qu’à la lumiĂšre ! Une belle idĂ©e : l’initiative maternelle de ces pulls multicolores qui vont tisser des liens Ă  travers la ville. Le texte, pudique, raconte une histoire rĂ©ussie d’intĂ©gration et de mĂ©tissage. L’illustration, foisonnante de dĂ©tails, enrichit le rĂ©cit. La mise en page varie les effets, insĂšre le texte dans l’image et colore progressivement de rouge et de vert un album d’abord gris et noir dans une dynamique optimiste. (C.B.)