Archéologie du nihilisme de Dostoïevski aux djihadistes

GUERY François

L’étude des principes du nihilisme historique va de l’attentat de 1881 contre le tsar réformateur à ceux du XXIe siècle. Ce sont les fondements philosophiques de cette négation en acte que la littérature (Tourgueniev et Bazarov, Dostoïevski et Raskolnikov) exprime comme rage de détruire, mais que Nietzsche et les philosophes allemands décryptent précisément. Nietzsche lui voit même une double nature, soit désenchantement moral européen, désespoir d’aboutir, soit fléau de barbarie meurtrière et terrorisme de masse, prémisses des crimes anarchistes ou les gigantesques exterminations idéologiques communistes, fascistes et nazies. La civilisation moderne aussi comporte de multiples aspects nihilistes qui mènent à des catastrophes. Professeur de philosophie, germaniste, l’auteur s’étend sur les courants de pensée de façon exhaustive, complexe, avec des connaissances poussées et un langage difficile. Les djihadistes radicaux n’occupent que quelques pages. Le diagnostic de fragilité contemporaine qui peut aller jusqu’à l’autodestruction est intéressant. Mais le mélange de considérations sur l’art, la mode, la santé, l’environnement… donne le tournis. La conclusion est hâtive et tranche avec une première partie savante et approfondie.(S.La. et N.C.D.)