Andrélie.

GRENIER Roger

Née peu avant le siècle, dans une famille villageoise éprouvée par la fuite du père, elle réussit à devenir opticienne, ouvre boutique, se marie, traverse la guerre de 1914, devient mère, aime son métier et les relations humaines (amoureuses parfois)… Rien dans ce parcours de commerçante énergique, installée dans ses certitudes et ses lieux communs, n’éveille l’attachement. Cependant, des aspects inattendus du personnage apparaissent : Andrélie est romanesque ; ses engouements irraisonnés la conduisent à la ruine, avec la folle gestion d’un minable cinéma de quartier. Le drame de la déchéance familiale s’amplifiera avec la mort de la jeune soeur et les tragédies de la seconde guerre mondiale.  Roger Grenier commence le portrait de sa mère avec sa retenue habituelle (cf. Fidèle au poste, NB décembre 2001), puis comme malgré lui son récit distancié s’illumine lentement d’une tendresse profonde. En même temps, derrière Andrélie, ressuscitent des mentalités disparues, toute une société provinciale avec ses professions, ses loisirs. Et la problématique du souvenir, de ses manques et de ses reconstructions, sous-tend cet hommage filial où les lecteurs de l’écrivain retrouveront quelques-uns de ses thèmes.