Agatha

DEGHELT Frédérique

Se substituant Ă  la romanciĂšre Agatha Christie, l’auteur prend la parole pour raconter un Ă©pisode jamais Ă©voquĂ© par la « reine du crime ». En 1926, elle perd sa mĂšre alors que son couple avec le colonel Archibald Christie est en crise : il a une liaison. AprĂšs une dispute particuliĂšrement sĂ©vĂšre, Agatha, furieuse, abandonne sa voiture dans un bois, disparaĂźt, avertissant nĂ©anmoins quelques personnes de sa destination, une station thermale du Yorkshire. La presse s’empare de ce fait divers inespĂ©ré     Sur des thĂšmes dĂ©jĂ  prĂ©sents dans son oeuvre – l’usure des sentiments, le rĂȘve, la crĂ©ation littĂ©raire – FrĂ©dĂ©rique Deghelt (Libertango, NB juillet-aoĂ»t 2016) veut tirer un fil de la vie d’une femme cĂ©lĂšbre, en double effet de miroir. Elle prend la parole, sur le mode de la dĂ©ploration lancinante d’une femme déçue, trahie, trompĂ©e suivant les codes de l’époque, et l’auteure elle-mĂȘme se dissimule sous la personnalitĂ© de ce double, en usurpant son identitĂ©. TrĂšs Ă  l’aise pour emprunter l’écriture d’Agatha Christie, dont elle adopte facilement le style souple, lĂ©ger, humoristique et datĂ©, elle maintient le suspense jusqu’au dĂ©nouement. L’exaspĂ©ration, les larmes, la jalousie, mĂȘlĂ©es de culpabilitĂ© se dĂ©ploient sans retenue dans ce rĂ©cit sentimental menĂ© avec habiletĂ©. (M.Bi. et M.O.)