À la découverte du roman

YAN Lianke

« Mythoréalisme », terme forgé par Yan Lianke (La chronique de Zhalie, NB septembre 2015), est un concept hybride, néanmoins très ancien (l’Odyssée), qui permet au romancier de recréer le réel en le dégageant de toute contrainte, loin du réalisme « fallacieux » de l’idéologie chinoise. L’auteur distingue ensuite trois autres formes de réalisme : mondain (Balzac), vital (Hugo), spirituel (Dostoïevski). Point commun : « la causalité absolue » ; pas d’effets sans causes. Mais avec Kafka, surgit « la causalité zéro » : rien, par exemple, n’explique la métamorphose de Gregor Samsa. À sa suite, le XXe siècle verra triompher l’absurde (Beckett, Borges, Calvino…). Or, dans la fiction, la meilleure voie passe entre ces deux extrêmes – García Márquez est longuement commenté. Démonstration riche et intelligente, illustrée d’une multitude d’exemples, chinois et occidentaux – surtout Kafka – un peu ardue parfois. Yan Lianke conclut cependant « Aucun grand écrivain n’est un théoricien » lui, l’un des plus bouleversants romanciers contemporains ! (D.C. et M.-C.A.)