À bras-le-coeur

CHAREF Mehdi

Né dans un misérable gourbi perché sur un reg désertique, l’enfant est marqué à jamais par la noyade de sa soeur aînée tombée dans un puits. Les horreurs vues et entendues de la guerre d’Algérie l’angoissent. Fasciné par sa mère, il admire sa beauté, ses stratagèmes pour écarter de ses enfants la peur lors des brutales incursions nocturnes des militaires. Au milieu de la liesse des fêtes d’indépendance, il pressent déjà les règlements de compte contre les harkis, les prostituées. En manque du père parti travailler en France, la famille décide de le rejoindre ; pour le gamin c’est l’arrachement difficile à son enfance. Au centre du bidonville de Nanterre, un taudis les accueille : par terre une épaisse couche de boue, l’eau à aller chercher… Il est casé d’office en classe de rattrapage, les petits Français le traitent de haut. Un rappel de cette guerre vécue de l’intérieur par les familles algériennes sans grandes ressources, au bled d’abord, en ville ensuite. D’une sensibilité exacerbée il observe avec tous ses sens, d’où la puissance évocatrice (La Maison Alexandrine, NB juillet 1999) de cet attachant récit.