Lâhistorien Jean-Yves le Naour et le dessinateur Marko reprennent lâHistoire de France en sâattachant Ă dĂ©monter des images toutes faites : nos ancĂȘtres les Gaulois Ă©taient-ils barbus ? Catherine de MĂ©dicis Ă©tait-elle calculatrice et sanguinaire ?… Ils invitent aussi les lecteurs Ă examiner les mythes et grandes figures constituant des repĂšres de notre histoire collective (VercingĂ©torix, Clovis, Charlemagne, Jeanne d’ArcâŠ). Pour rendre le rĂ©cit vivant, ils mettent en scĂšne lâhistorien Ernest Lavisse qui Ă travers ses livres a figĂ© un rĂ©cit national Ă la fin du 19Ăšme siĂšcle, rĂ©cit qui a perdurĂ© dans les manuels scolaires jusque dans les annĂ©es 1950, et qui a donc influencĂ© un certain nombre d’hommes politiques de la seconde moitiĂ© du 20Ăšme siĂšcle. Avec un humour bienveillant, ils dĂ©montent cette lecture datĂ©e de lâHistoire de France.
Au-delĂ dâune lecture plaisante, instructive sans ĂȘtre pĂ©dante, ils invitent surtout Ă se questionner sur ce quâest lâHistoire et comment elle se construit selon la sensibilitĂ© de lâĂ©poque et les motivations politiques de ceux qui la racontent. Le cas de Robespierre, considĂ©rĂ© au fil du temps et des Ă©vĂ©nements politiques comme un hĂ©ros puis dĂ©classĂ© ensuite, en est un bon exemple. Ils proposent aussi une rĂ©flexion sur le dĂ©bat entre « rĂ©cit national » et « roman national » qui a cours depuis quelques dĂ©cennies, avec l’Ă©clairage de plusieurs gĂ©nĂ©rations d’historiens. C’est l’occasion aussi de dĂ©crypter les positions de diffĂ©rents hommes politiques contemporains sur ce sujet.
Au final câest une invitation Ă garder constamment un regard critique sur ces sujets, comme le propose la formule qui conclue cet album : « LâHistoire nâa pas de fin. Aux gĂ©nĂ©rations futures dâinventer le passĂ© qui leur permettra de dire qui elles sont. »
Cet ouvrage qui n’est pas un ouvrage humoristique utilise l’humour dans un but pĂ©dagogique. Il peut trouver sa place dans une bibliothĂšque aussi bien dans le rayon BD que dans le rayon Histoire.
(XB)
