Toutes les vies

WARRIOR Rebeka

Avec cette singuliĂšre, dĂ©capante et Ă©mouvante confession, qui Ă©volue entre le rĂ©cit, la poĂ©sie et les « excursions » oniriques, Rebecca Warrior, chanteuse et compositrice de musique hard-rock et Ă©lectro-punk, livre ici son premier livre. En chapitres placĂ©s chacun sous le signe d’une Ɠuvre littĂ©raire (Les mots, À l’ami qui ne m’a pas sauvĂ© la vie, Le loup des steppes, La montagne magique, Les confessions
), elle Ă©voque sa relation amoureuse avec Pauline, sa compagne de huit ans, qu’elle a accompagnĂ©e douloureusement dans l’enfer d’un cancer qui a fini par l’emporter, et le cheminement spirituel (retraites bouddhiques, Za Zen, expĂ©riences psychotropes
) qui lui a permis de surmonter cette dĂ©chirante sĂ©paration.

Contenue par des phrases brĂšves, syncopĂ©es, souvent posĂ©es sans lien avec la prĂ©cĂ©dente, et un style Ă  la recherche du dĂ©pouillement, l’émotion, Ă  fleur, mais toujours verrouillĂ©e, sort amplifiĂ©e par cette Ă©criture minimaliste. C’est un rĂ©cit intimiste, dont certaines affĂ©teries de plume (10 pages de mots en « cadavres exquis », plusieurs autres consacrĂ©es Ă  la liste des invitĂ©s aux obsĂšques…), ou les excĂšs de l’autrice pourraient rebuter. Difficile pourtant de ne pas ĂȘtre interpellĂ© par sa quĂȘte de discipline et conquis par l’émotion du rĂ©cit, sa constante distanciation et la truculence de sa vision du monde. Un bouquin pas ordinaire sur un sujet qui l’est hĂ©las trop. (D.M.-D. et E.B.)