En 1843, en Écosse, le pasteur John Ferguson crée avec d’autres une Église presbytérienne dissidente mais perd ses sources de revenus. Le voilà contraint d’accepter, malgré les mises en garde de son épouse Mary, une mission périlleuse et bien rémunérée : partir en mer du Nord pour déloger le seul habitant d’une île lointaine. Arrivé sur les lieux, il fait une chute malencontreuse depuis une falaise, perd connaissance et se trouve à la merci de celui qu’il doit expulser, un colosse barbu nommé Ivar.
Carys Davies, saluée par la critique pour ses premiers livres (West, Les Notes janvier 2019) évoque dans ce troisième roman un épisode cruel de l’histoire écossaise du XIXe siècle, les Highland Clearances, vaste opération d’expulsion des ruraux démunis que les propriétaires veulent remplacer par des moutons de bien meilleur rendement. Le roman livre, par récits alternés, les mésaventures d’un pasteur en proie à un terrible dilemme, le voyage risqué de son épouse clairvoyante décidée à sauver son mari et la vie rude d’un Viking, seul survivant d’une île perdue, qui se réhabitue à vivre avec un autre humain. On suit avec une émotion grandissante la rencontre de deux âmes qui apprennent à parler la langue de l’autre, à se comprendre et à s’accepter. Une écriture d’une infinie délicatesse dans un roman rare, véritable éclaircie d’humanité, dans l’écrin d’une nature aussi grandiose qu’hostile. (A.K. et C.M.)
