Deux litres et demi

JOUANNEAU Julien

Plaine de la Meuse, 1916. Jules, dix-sept ans, tombe dans un trĂšs profond cratĂšre creusĂ© par l’explosion d’un obus, sans rĂ©ussir Ă  escalader les parois avec sa jambe blessĂ©e. Le soleil brĂ»lant l’oppresse, difficile d’Ă©tancher sa soif avec seulement deux litres d’eau et un demi d’eau-de-vie pour sa plaie. Celle-ci attire les mouches puis un aigle fĂ©roce qu’il peine Ă  chasser. Il cherche en vain Ă  signaler sa prĂ©sence. Seul soldat rescapĂ© de son groupe, il dĂ©sespĂšre d’ĂȘtre secouru et craint la gangrĂšne.

Julien Jouanneau, journaliste et romancier (Le Voyage de Ludwig, Les Notes avril 2019), gradue son rĂ©cit Ă  la premiĂšre personne en fonction des quantitĂ©s infimes d’eau restant pour dix jours, crĂ©ant ainsi un suspense dramatique intense. L’espoir est mince pour le hĂ©ros de sortir de cette prison en plein air, car ses forces dĂ©clinent. L’extrĂȘme solitude et le courage rendent ce roman impressionnant. La peur de la mort, les cauchemars et hallucinations sont poignants. Seule la pensĂ©e de la bien-aimĂ©e offre quelques moments de douceur. Mais on est emportĂ© par l’Ă©criture extraordinaire, d’une poĂ©sie crue, belle et puissante qui rend comme palpables cette horreur et cette souffrance. (S.La. et A.Le.)