Autochtones

GALINA Maria

Dans une ville d’Ukraine, un Russe vient enquĂȘter sur un groupe d’artistes, Le Chevalier de diamant, qui a montĂ© en 1920 un opĂ©ra, La mort de PĂ©trone, dont l’unique reprĂ©sentation a tournĂ© Ă  l’orgie. Il dort dans une AJ en rĂ©fection, et interroge les autochtones, souvent Ă©tranges : un vieil archiviste, un collectionneur parasitĂ© par sa femme morte et qui attend toujours son heure de gloire, l’arriĂšre-petite-fille mystĂ©rieuse de la cantatrice qui a chantĂ© dans l’opĂ©ra. Un vieil homme lui sert de guide, ainsi qu’un chauffeur de taxi-historien curieusement prĂ©sent quand il a besoin de lui. Lviv, en Ukraine, est devenue une ville touristique ; mais les fantĂŽmes (invasions russes et allemandes, ghetto juif, et leur cortĂšge d’exĂ©cutions sommaires) hantent le monde parallĂšle des autochtones, pĂ©tri de lĂ©gendes (souvent sanglantes) du passĂ©, d’us et coutumes spĂ©cifiques, d’une connivence qui excluent l’Ă©tranger. Les versions de la vĂ©ritĂ© s’accumulent et se contredisent au fil des rencontres du Russe avec ses interlocuteurs toujours plus nĂ©buleux. Si l’on est sensible Ă  l’atmosphĂšre particuliĂšre du roman, sur le fil du fantastique, Ă  son Ă©criture prĂ©cise et son humour feutrĂ©, il est nĂ©anmoins difficile de ne pas se lasser et encore plus de ne pas se perdre dans ces dĂ©ambulations qui restent Ă©nigmatiques jusqu’au bout.  (M.D. et M.T.D.)