Le sillon

Istanbul, 2016. Une jeune journaliste française rejoint l’homme qu’elle aime, un Turc, espérant reprendre son souffle après l’année terrible des attentats à Paris. Rapidement, les promenades d’une rive à l’autre du Bosphore, les rencontres amicales et arrosées, le yoga, ne suffisent plus à l’occuper. Confrontée à l’intranquillité des intellectuels stambouliotes, à l’instabilité politique, à la fragilité de son histoire d’amour et à l’ennui, elle entreprend d’écrire la biographie de Hrant Dink, fondateur et directeur du journal Le sillon, pacifiste d’origine arménienne, assassiné en 2007 par un jeune nationaliste.  Valérie Manteau faisait partie de la rédaction de Charlie Hebdo avant l’attentat du 7 janvier. Ce lien, évoqué dans ce deuxième roman, s’efface progressivement devant l’engagement plus large de l’héroïne : la défense des journalistes et écrivains turcs persécutés depuis longtemps et surtout depuis 2016. La fusion entre fiction et reportage est harmonieuse, même si l’analyse de l’actualité domine : manifestations, attentat à l’aéroport Atatürk, putsch avorté suivi de vastes purges, procès d’Asli Erdogan… La narratrice touche par ses maladresses naïves, sa détermination et son franc-parler. Un roman généreux et engagé qui apprend beaucoup de choses sur la Turquie et donne envie d’en savoir plus.  (T.R. et M.-C.A.)