La fin de Mame Baby

OCTAVIA Gaël

Entre la gare et le centre commercial, dans une petite ville de banlieue oĂč rĂšgnent laideur et tristesse, Mariette, rongĂ©e par les rhumatismes, est recluse dans son appartement sordide et sale. À chacune de leurs visites, deux jeunes soignantes rĂ©tablissent habilement l’écheveau de ses souvenirs, pourtant noyĂ©s dans les brumes de l’alcool. Ce sont leurs liens intimes avec cette femme amoureuse, Ă  l’entĂȘtement insensĂ©, qui permettent une thĂ©rapie collective.  Pour son premier roman, la jeune dramaturge GaĂ«l Octavia enferme ses personnages dans le huis clos d’un appartement d’une citĂ© pour Ă©voquer des entrecroisĂ©s de vies brisĂ©es. D’une Ă©criture fine et poĂ©tique, elle nous emmĂšne dans un voyage Ă  travers la violence morale et physique des banlieues. Son Ă©vocation du passage de l’enfance Ă  l’ñge adulte dans un univers sans repĂšre est sensible. Le personnage lumineux de Mame Baby, rĂ©fĂ©rence de rĂ©ussite dans des mĂ©andres de violence, ruptures et abandon, reste mystĂ©rieux, Ă  l’image de sa mort. Son Ă©mancipation par l’éducation n’explique pas complĂštement son aura dans le quartier. On regrette que, dans sa quĂȘte romanesque de relier le destin de ces quatre femmes, l’auteur n’aille pas plus loin dans l’analyse du malaise de ces banlieues. (S.D. et Maje)