Fritz, trente-six ans, vit Ă Paris dans un squat dâĂ©migrĂ©s. En attendant le retour de son compagnon, il se rappelle son enfance solitaire dans une bourgade des steppes russes. Il Ă©tait alors obĂšse et se rĂ©fugiait chez son arriĂšre-grand-mĂšre aveugle pour Ă©viter les quolibets dâun grand-pĂšre toujours ivre ; il Ă©vitait aussi son pĂšre et Ă©tait fascinĂ© par un jeune soldat dĂ©serteur. Plus tard, enrĂŽlĂ© dans un bataillon disciplinaire au fin fond de la toundra, il maigrit Ă©normĂ©ment, mais son attrait pour les hommes persiste. EnvoyĂ©s au casse-pipe en Allemagne, en SibĂ©rie ou, deux gĂ©nĂ©rations plus tard, en Afghanistan, les militaires paumĂ©s essaient d’Ă©chapper Ă la rĂ©alitĂ© en buvant.
Â
Ă travers les fumĂ©es denses des clopes, les beuveries interminables les vomissures et les dĂ©jections, les frustrations sexuelles ou la folie, le mal-ĂȘtre de l’armĂ©e est bien dĂ©peint. Dans son premier roman, Dmitri Bortnikov, jeune auteur russe, met sa vivacitĂ© d’Ă©criture au service de descriptions et de dialogues crus, vulgaires, Ă l’image des ses personnages. Les scĂšnes dĂ©lirantes (rappportĂ©es sans trop de fil conducteur) de cet univers cauchemardesque suscitent lassitude et Ă©coeurement.
