L’inconstance, cette passion de l’éphémère, serait-elle la maladie du siècle ? Le citoyen des pays riches se lasse aujourd’hui d’une politique aussi vite que d’une chanson, zappe à la TV aussi bien que dans sa vie privée, victime consentante d’une société consumériste tous azimuts. Il devient un Arlequin multifonctions et multichoix. Mais cette inconstance serait, selon Gilles Achache, un signe d’adaptabilité et de dynamisme. Avec l’accès à Internet et la multiplication des offres audiovisuelles, l’attrait permanent de la nouveauté, la palette infinie des marques et des lancements, le zappeur Arlequin aiguise son sens de l’observation et affine ses capacités de jugement.
Gilles Achache, avec le langage précis et professionnel du psychologue, démontre avec un enthousiasme sans nuance qu’Arlequin s’est libéré d’un monde étroit pour entrer dans un monde ouvert et cosmopolite. Cependant, la démonstration n’est pas toujours convaincante. Arlequin a-t-il toujours les armes – intellectuelles, sociales, économiques – pour un tel choix ? Par ailleurs, l’uniformisation, voire l’aliénation, ne sont jamais bien loin. Les choix culturels et les attitudes de comportement restent des marqueurs sociaux puissants auxquels il convient de se conformer. La liberté d’Arlequin est-elle si réelle que cela ?
