Loin de mes proches.

Il lui avait abandonné ses vieilles savates en souvenir. Alors, Suzanne était revenue dans sa Bretagne natale, près d’une soeur cadette anorexique et résolument hostile. En l’emmenant à Paris, Gérard l’avait délivrée de la fatalité, de ce statut de fille de pauvre qui devait avoir l’air de ce qu’elle était. Sa rupture la ramenait à la case départ. À coups d’antidépresseurs, Suzanne découvre un bonheur artificiel qu’elle entretient scrupuleusement. Au salon de coiffure de sa soeur, elle façonne la chevelure de celles que, jadis, elle méprisait et dont elle ne partageait pas les jeux. Bien sûr, elles l’ont reconnue et leur regard étriqué qui la juge est comme un couperet. Seule Lisette, l’autre exclue des cours de récréation, maintenant infirmière, va accompagner sa souffrance et l’aider à se débarrasser de ce mal qui la ronge et qui a nom Gérard. Plus tard, un commissaire venu de Paris cherchera le courage de faire son métier… Un premier roman bien construit, un peu caricatural, où Chantal Bourbigot explore l’âme féminine et ses bassesses. Sous le regard implacable de ses semblables, l’héroïne comprend enfin sa confusion entre bonheur et sécurité.