SARA, en hommage (1950-2023)

Sara nous a quittĂ©s, elle qui suggĂ©rait et racontait dans le silence et l’austĂ©ritĂ© du papier qu’elle dĂ©chirait pour crĂ©er images et albums


Ils demeurent, grands tĂ©moins de son Ɠuvre inclassable ; car lĂ , s’y racontent, au fil des pages, des vies entiĂšres, humaines et animales, sans qu’un seul mot, le plus souvent ait besoin d’ĂȘtre dit. La force de crĂ©ation de Sara est comprise entre ces silences, dans la magie de ses personnages de papier, figurants d’un vaste scĂ©nario, comme une spirale d’individualitĂ©s qui dĂ©ambulent et s’entrecroisent, livre aprĂšs livre, page aprĂšs page, filmĂ©s au plus prĂšs.

                                                      In : C’est mon papa – Ă©ditions l’Art Ă  la Page, 2011

Il est question de solitudes habitĂ©es (Elle et moi), de rencontres aux allures clandestines (À travers la ville, À quai, Le rat musicien), de pĂ©rils surmontĂ©s  (ÉlĂ©phants), d’affections contenues (C’est mon papa), d’amours qui s’attendent (Je suis amoureux), qui se trouvent (JosĂ©phine au restaurant), d’engagements (RĂ©volution), de naissances (Volcan), de mort (Du Temps).

Si plus tard, sa gamme de couleurs s’élargit, c’est pour illustrer fables (La Fontaine) et contes classiques dans lesquels on retrouve des forĂȘts profondes, des deuils, des solitudes, un roi en colĂšre, un prince mĂ©tamorphosĂ©, une belle-mĂšre jalouse et cruelle, des destins empĂȘchĂ©s


Mais que l’on soit dans l’univers de ses tableaux, de ses films, de ses albums, dans ses dĂ©cors de forĂȘts, de villes ou de ports, l’Ɠuvre de Sara tourne autour de ce questionnement essentiel : la relation Ă  l’autre et Ă  soi-mĂȘme.

Comment s’effectue la rencontre ? Comment dialoguer ? Quelle est la nature rĂ©elle de l’Être Humain ? De l’animal ?

La rĂ©ponse se profile parfois, mais le plus souvent reste en suspens, comme un miroir tendu au lecteur, comme cet « autre cĂŽtĂ© du miroir Â» si cher Ă  Sara.

Mth Devùze, l’Art à la Page