[BD] Quartier lointain, de Jirô Taniguchi

Le merveilleux dessinateur de notre quotidien

Jirô Taniguchi

Qui peut le mieux parler de son œuvre que l’auteur lui-même :

« Si j’ai envie de raconter des petits riens de la vie quotidienne, c’est parce que j’attache de l’importance à l’expression des balancements, des incertitudes que les gens vivent au quotidien, de leurs sentiments profonds dans les relations avec les autres. […]

Dans la vie quotidienne, on ne voit pas souvent des gens hurler ou pleurer en se roulant par terre. Si mes mangas ont quelque chose d’asiatique, c’est peut-être parce que je m’attache à rendre au plus près la réalité quotidienne des sentiments des personnages.

Si on y pénètre en profondeur, une histoire peut apparaître même dans les plus petits et les plus banals événements du quotidien. C’est à partir de ces moments infimes que je crée mes mangas. »

Jirô Taniguchi (1947-2017) débute dans la bande dessinée en 1970 avec Un Été desséché.

Au fil d’une œuvre prolifique, le mangaka le plus apprécié du public francophone a exploré de front une multitude de veines : fresques historiques, westerns, polars hard-boiled, sagas animalières, adaptations littéraires et récits intimistes.

Le premier volume de Quartier Lointain, qui a remporté lors du festival d’Angoulême 2003 l’Alph’Art du meilleur scénario, a également reçu le prix Canal BD des librairies spécialisées. En 2015, le 42e festival d’Angoulême consacre à son œuvre une exposition monographique d’une envergure inédite en Europe.

DE NOMBREUSES RÉCOMPENSES POUR UN AUTEUR PROLIFIQUE

  • Prix du manga Shogakukan, catégorie Prix spécial du jury pour Terre de rêves – 1992
  • Prix de l’association des mangaka japonais, catégorie Prix d’excellence pour Au temps de Botchan – 1993
  • Prix culturel Osamu Tezuka, catégorie Grand Prix pour Au temps de Botchan – 1998
  • Prix d’Excellence du Festival des arts médias de l’Agence pour les affaires culturelles au Japon, catégorie Manga pour Quartier lointain – 1998
  • Prix du jury œcuménique de la bande dessinée pour Le Journal de mon père – 2001
  • Prix des libraires de bande dessinée Canal BD au Festival d’Angoulême 2003 pour Quartier lointain – 2003
  • Alph’Art du meilleur scénario au festival d’Angoulême pour Quartier Lointain – 2003
  • Prix du dessin du Festival d’Angoulême 2005 pour le tome 2 du Sommet des dieux – 2005
  • Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Décoration remise par Frédéric Mitterrand. – 2011

SON AVIS SUR QUARTIER LOINTAIN

Extrait de QUARTIER LOINTAIN

Casterman : Depuis sa publication en 2002, cet album a connu un énorme succès en France et en Europe, comment expliquez-vous cet engouement du public occidental ?

Extrait de QUARTIER LOINTAIN

J.T. : Franchement, je n’en ai aucune idée. J’ai beau m’être souvent posé la question, cela demeure un merveilleux mystère. Au Japon, Quartier lointain a obtenu un Prix du Secrétariat à la Culture, mais n’a pas connu un succès public comparable. C’est d’autant plus étonnant pour moi que cette histoire se déroule au début des années soixante, dans un contexte très japonais. J’imaginais plutôt mes lecteurs à l’image d’Hiroshi, le personnage principal, un cadre moyen, un « salary man » d’une quarantaine d’années comme il y en a beaucoup à Tokyo. Que des Belges, des Français ou des Italiens puissent comprendre et apprécier un univers aussi différent des leurs a été à la fois un immense bonheur et une révélation.

… DEVENU UN FILM

TOUT SUR TANIGUCHI

« Toute son œuvre est imprégnée d’un appel à vivre avec un cœur pur, et ceux qui l’aiment le lisent précisément pour cela, parce qu’elle permet d’entrer en contact avec le Petit Prince qui est en nous. Les émotion incroyablement fortes qui naissent de ses histoires redonnent confiance en la possibilité d’une humanité tendre. » TÉLÉRAMA 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jirō_Taniguchi

ET SI VOUS NE LISEZ QU’UN SEUL MANGA DANS VOTRE VIE…

Extrait de QUARTIER LOINTAIN

Taniguchi est sans contexte le mangaka (dessinateur de manga) japonais le plus européen. Son œuvre vaste est tournée vers le quotidien de gens que l’on considère « sans histoires » mais dont la vie justement est toute une histoire.

Malgré des mangas basés au Japon, Taniguchi éveille en nous le même sentiment qu’à la lecture des ouvrages de Hakuri Murakami, une forme de complicité et de connaissance intime même si la vie japonaise est éloignée de notre forme occidentale. 

Son dessin expressif et fouillé sert à merveille des scénarios très variés de Blanco à Un assassin à New York en passant par Le gourmet solitaireLe sommet des dieux et Les gardiens du Louvre.

Notons qu’à la mort de l’auteur en 2017, Quartier lointain a déjà été écoulé à plus d’un million d’exemplaires en France et saluons l’initiative de Casterman qui réédite plusieurs titres de Taniguchi dans le sens de lecture japonais.

SI vous ne lisez qu’un manga dans votre vie c’est celui-ci, mais soyez certain que sa lecture en amènera d’autres…

Michel Toloton
Novembre 2022