Vénus & Hottentote : Sarah Bartlam

SANDREL Carole

La petite Sarah Bartman n’a que vingt ans quand elle quitte le Cap pour Londres. Elle est prise dans un engrenage où sa personnalité va être broyée : exhibée sans pitié dans des spectacles dégradants et vendue. Mais c’est à Paris que le pire reste à venir. Là, elle est ravalée au rang d’animal, exposée aux regards comme un singe. Elle meurt en 1815. Georges Cuvier fait la dissection de son corps pour conforter ses théories sur l’infériorité de la race noire. Mandela réclamera pour son pays le retour de sa dépouille présentée sans vergogne au musée de l’Homme à Paris. Elle aura une sépulture décente dans sa terre natale en 2002.

 

Ce document sur les préjugés et les moeurs de l’époque du colonialisme est raconté avec talent mais non sans esprit polémique par une militante féministe. Trois facteurs concourent à la récupération – au sens propre – de Sarah : la fracture entre ethnographie et histoire avec la dispersion des collections du musée de l’Homme, l’esprit de repentance après la chute définitive des empires coloniaux, les mouvements féministes. Une réflexion salutaire sur l’histoire des mentalités, avant la sortie du film de Abdellatif Kechiche : La Venus Noire.