Une vie avec Alexandra David-Néel

CAMPOY Fred, BLANCHOT Mathieu

Juin 1959, Marie-Madeleine Peyronnet, une jeune femme de 29 ans, passe un entretien pour devenir secrétaire particulière auprès de la célèbre orientaliste Alexandra David- Néel, âgée de 90 ans. À peine est-elle reve- nue chez elle, qu’on l’appelle d’urgence auprès de l’exploratrice qui prétend vivre ses dernières heures. Si Marie-Madeleine laisse tout pour s’occuper d’elle, elle est loin d’ima- giner ce que deviendra sa vie. Cela com- mence par un déménagement « singulier ». Puis elles reprennent possession à Digne de « Samten Dzong » (la forteresse de la méditation en tibétain) où le soleil n’a pas pénétré depuis plusieurs années. Il faut venir à bout de la poussière, des araignées, du désordre et des souvenirs issus des voyages de Madame. Mais que serait Alexandra sans son dèle Yongden – con dent et ser- viteur tibétain – qui l’accompagna pendant les douze ans de son errance au pays des neiges éternelles et qu’elle adopte à son retour en France ? Sa mort précoce la dévas- tera et elle gardera toujours ses cendres près d’elle. Quant à Marie-Madeleine, elle supporte les manies, les fougues et l’humour de sa patronne à laquelle elle est avant tout très attachée. Surnommée « tortue », elle l’accompagne jusqu’à sa mort dix ans plus tard, remplissant auprès d’elle les fonctions de secrétaire, in rmière, bonne à tout faire, quasiment esclave, mais aussi amie et de con dente… fascinée par cette intelligence et cette personnalité hors du commun. Le premier opus de cette originale biographie de Marie-Madeleine Peyronnet, est en réalité un prétexte pour aborder celle de cette femme extraordinaire que fut Alexandra David-Néel, aventurière, exploratrice, féministe, orienta- liste universellement respectée et grand esprit du XXe siècle. Mêlant le quotidien simple du présent – parfois dif cile au regard du carac- tère d’Alexandra – aux souvenirs lumineux de sa vie en Orient, les auteurs proposent une approche intimiste très réussie de ses dix dernières années. Le dessin, sépia pour le quotidien et richement coloré pour les sou- venirs et les récits, illustre en six chapitres la découverte enchantée par Marie-Madeleine de la vie de la première occidentale à entrer à Lhassa. Superbe ! À quand la suite ?