Une vengeance d’hiver ou comment l’esprit vient aux secrétaires

MONTEILHET Hubert

Mademoiselle Julie Le Couédic est la secrétaire de l’ambitieux et cynique Marc-Antoine Lefaucheux, avocat, bientôt député, président d’un parti centriste. Sa secrétaire lui plaît parce que c’est une oie blanche ; il en fait sa maîtresse et se marie bien vite avec une riche héritière. Mais le voilà maintenant qui se veut romancier ! Julie, déniaisée, s’organise avec sagacité pour que son patron puisse trouver un châtiment au bout de son rêve. Les circonstances vont la servir, et le somptueux logis de la vallée de Chevreuse abrite bientôt un homme aux abois… Le journal de Julie encadre le récit des malheurs de son maître ; elle apparaît comme l’instrument de la justice immanente et ses propos candides deviennent peu à peu amers et d’une féroce lucidité. Le ton est bien celui de Monteilhet dans La Pucelle (NB juillet-août 2012) ; cette ironie, ce portrait-charge d’un grand de ce monde si proche au fond des criminels de droit commun pour lesquels il a plaidé sont d’un bon niveau de satire, mais on s’attend trop à la fin sans surprise, et le héros n’est ni assez attachant ni assez répugnant pour que sa chute soit un moment inoubliable.