Une maternité rouge

LAX Christian

1960, à la veille de l‘indépendance malienne, des hommes se préparent à quitter le pays en embarquant avec eux des objets d’art maliens. À la nuit tombée, un jeune garçon s’empare discrètement d’une statue de maternité rouge. Cinquante-six ans plus tard, Alou, un jeune chasseur de miel est en train d’enfumer un nid d’abeilles dans un baobab, quand il est pris en chasse par un groupe de djihadistes alertés par la fumée. Attrapé, il est battu, frappé et laissé à moitié rompu auprès de l’arbre déraciné à l’explosif par les djihadistes. Il découvre alors dans les débris du baobab une statuette rouge. Rentré au village, il la présente au vieil instituteur qui reconnaît la statue qu’il avait soustraite à la convoitise des Blancs en 1960. Soucieux qu’elle échappe à la fureur des fanatiques musulmans, il demande alors à Alou de la porter au Louvre, seul endroit où la statue sera protégée. Commence alors un immense périple vers la France à travers le désert, la Méditerranée puis l’Europe.  Récit épique autant que chronique contemporaine, Une maternité rouge est avant tout une histoire à hauteur d’homme. Lax nous entraîne du Mali à l’Europe, sur les antiques pistes caravanières devenues les voies d’accès des migrants à l’Europe et la France. Mais pour atteindre ces havres de paix tant désirés par des centaines de réfugiés, les épreuves ne manquent pas, le désert, la mer, mais le danger vient des hommes surtout.  Qu’ils soient passeurs, contrebandiers ou voleurs, ils sont autant d’obstacles à surmonter. Le dernier étant l’indifférence affectée qui les attend une fois en France même si Lax ne manque pas de mettre en valeur l’engagement au service des migrants d’hommes et de femmes de toutes conditions. Didactique sans être pesant, son récit progresse régulièrement, alternant les séquences africaines et les explications sur l’art Dogon prodiguées dans les ateliers du Louvre. Le dessin, fin et aérien, est tout en teintes claires jouant sur les niveaux de gris parfois marqués d’ocre ou de rouge.  Son trait est toujours précis et plaisant à regarder. Un album humaniste qui s’impose comme une réussite graphique à ne pas manquer. (A.R. et C.D.)