Une maison sous le soleil (Eileen Gray)

Après une enfance en Irlande désagréablement marquée par le départ de son père pour l’Italie, Eileen fait ses débuts dans l’art de la laque. Son apprentissage auprès de l’illustre Sugawara lui permet d’ouvrir la galerie « Jean Désert » où elle expose ses meubles et paravents. En 1923, avec Jean Badovici, elle se lance dans la conception de ce qui deviendra la Villa E 1027. C’est à Roquebrune, non loin de la plage où Le Corbusier se noiera en 1965. Cependant, à l’inverse du concepteur de la « machine à habiter », Eileen conçoit l’architecture comme une expérience corporelle. Son habitation relève du concept du camping, revendiquant une approche « cohérente, coordonnée et non genrée de l’espace ».

Plus évocation que biographie, l’ouvrage distille quelques touches de la vie d’Eileen Gray, de ses relations et des influences qui l’ont conduite à une carrière artistique originale. Les allusions, souvent elliptiques, aux personnages qui l’ont entourée, conduisent à se reporter fréquemment au petit dictionnaire qui clôt fort heureusement ce volume. Simple et emphatique, dans sa légère raideur, le dessin donne de la personnalité à l’héroïne et à ses partenaires. A l’image du récit, il refuse d’entrer dans la description sèche et évoque avec talent les gens et les choses.