Une femme en contre-jour

JOSSE Gaëlle

NĂ©e en 1926 dans une famille dĂ©sunie originaire des Hautes-Alpes, dont la grand-mĂšre et la mĂšre ont Ă©migrĂ© aux Etats-Unis, Vivian doit tracer trĂšs tĂŽt sa route, seule. À New York, elle s’initie Ă  la photographie. Une passion pour la vie. À Chicago, pour subsister, elle est gouvernante, dix-sept ans dans la mĂȘme famille dont les trois garçons ne l’oublieront pas, sans jamais cesser de prendre des clichĂ©s dans la rue. Elle meurt en 2008 dans la solitude et le dĂ©nuement.   GaĂ«lle Josse (L’ombre de nos nuits, NB mars 2016) ressuscite une femme Ă©nigmatique, dont l’oeuvre remarquable a Ă©tĂ© dĂ©couverte fortuitement par un AmĂ©ricain qui a rĂ©ussi Ă  la promouvoir. Mettre en lumiĂšre une vie effacĂ©e est pour l’auteure une gageure qui s’apparente au travail d’une photographe cherchant Ă  fixer sur la pellicule les moments Ă©phĂ©mĂšres et suggestifs d’individus souvent dĂ©shĂ©ritĂ©s. L’artiste n’a jamais essayĂ© de vendre. TrĂšs vite elle n’a plus eu les moyens de dĂ©velopper ses pellicules ni mĂȘme de les garder dans ses logements exigus. Une obsession gratuite ? Selon les tĂ©moignages, sa personnalitĂ© est ambivalente : digne, discrĂšte, curieuse, libre
. Mais aussi parfois violente, hĂ©ritage d’une vie malmenĂ©e. Un portrait « en contre-jour » attachant et intriguant . (L.G. et A.-M.D.)