Le baron FĂ©licien Triboulet est un chasseur Ă©mĂ©rite; pour preuve l’impressionnante collection de trophĂ©es qui orne les murs de son salon. Ne manque Ă la satisfaction de son amour-propre que d’avoir croisĂ© le chemin du fameux lion noir d’AlgĂ©rie, le plus fĂ©roce des animaux. Justement, voilĂ qu’il a Ă©tĂ© aperçu prĂšs d’un village algĂ©rien. Le baron n’hĂ©site pas: malgrĂ© son mal de mer, il embarque et traverse la MĂ©diterranĂ©e. Ă nous deux, le lion!
Ce terrible chasseur est surtout le digne hĂ©ritier de Tartarin de Tarascon. DĂšs la troisiĂšme page, le texte qui cĂ©lĂšbre emphatiquement ses exploits laisse des indices (pas si discrets) que les trophĂ©es pourraient venir de chez le marchand, et que notre hĂ©ros est plus habile Ă se mettre verbalement en scĂšne qu’Ă agir. Il n’est pas si trouillard; juste pas trĂšs douĂ©, comme le dĂ©montreront ses tribulations algĂ©riennes. Le texte, drĂŽle et pince-sans-rire, le moque subtilement, relayĂ© par les belles aquarelles lumineuses et Ă©vocatrices, qui, quand elles ne donnent pas envie de visiter les villages algĂ©riens, le tournent gentiment en ridicule, gros, fat et moustachu. DĂ©licieux.
