Travailler moins pour lire plus

Sur l’île Turbin, sous les ordres de son roi exigeant, on ne chôme pas. Sur chacune de ses cinq montagnes, on s’affaire, on fabrique des machines ou des médicaments, on cultive, on récolte. Sur le dernier mont, c’est un peu différent, on pêche des lettres. Assemblées en mots puis en phrases par les écriveurs, elles deviennent des livres, expédiés à l’étranger: c’est qu’ici, on n’a pas le temps de lire, et puis le roi s’y oppose. Jusqu’à ce qu’un jour, la révolte gronde.

Cette sympathique pochade est issue d’une petite phrase lancée par Alain Serres en 2007, en réponse à certain slogan du président de la République, et qui a connu un vif succès: déclinée en affiches, elle a été réimprimée trois fois. Aujourd’hui en livre, elle célèbre, contre le travail envahissant qui s’insinue dans tous les pores de la vie, la jouissance des mots et des histoires, et encourage la révolte pacifique contre la tyrannie (l’union fait la force!). Le texte amusant et inventif est relayé par les illustrations dynamiques de Pef: personnages croqués vivement au trait noir posés sur les rondeurs colorées des montagnes, mont gris des machines, bleu des mots, jaune du pouvoir. Livre durable ou manifeste de circonstance ?