Tenir le coup

MERVILLE Jacqueline

Dans un appartement presque vide, est hĂ©bergĂ©e une jeune Ă©migrĂ©e clandestine amnĂ©sique. Elle a Ă©tĂ© blessĂ©e Ă  la figure et Ă  un bras, ne connaĂźt pas son visage et ne doit pas s’approcher des fenĂȘtres de peur d’ĂȘtre aperçue car, d’en bas montent des bruits de rafles. Son seul rĂ©confort est la voix de la femme qui l’a sauvĂ©e et l’abrite. Celle-ci, d’origine Ă©trangĂšre, Ă©voque par bribes une jeunesse douloureuse, dans les annĂ©es 60 une mĂšre qui ne savait ni lire ni Ă©crire. Elle s’est toujours sentie « autre », ne veut se fixer nulle part.

 

On saisit assez facilement la situation des deux femmes l’une par rapport Ă  l’autre, mais la reconstruction du parcours de vie de la narratrice comporte trop d’imprĂ©cisions, trop de « blancs » et de non-dits. La langue employĂ©e, si belle soit-elle, se rĂ©vĂšle souvent ambiguĂ«. Reste un essai Ă  deux voix assez hermĂ©tique, mais toutefois intĂ©ressant sur la difficultĂ© de se construire lorsqu’on se sent diffĂ©rent, sur la mĂ©moire et l’étrange rĂ©confort d’une cohabitation. Court ouvrage ambitieux mais parfois Ă©nigmatique.