Souvenirs de la guerre récente

LISCANO Carlos

Il était chez lui avec sa jeune femme lorsqu’un après-midi des militaires sont venus le chercher. Envoyé de force dans un camp militaire isolé du monde, il est entraîné avec d’autres recrues pour une guerre pas encore déclarée. À partir de ce moment-là le monde devient différent, restreint à un camp où les jours et les années s’écoulent dans l’attente d’une guerre imminente. Affecté au secrétariat de son unité et conditionné par une discipline qui ne laisse aucune place à la pensée, il tente de s’évader mentalement, en se rapprochant de la nature pendant les gardes obligatoires autour du camp.

 

Métaphore de l’absence de liberté, Carlos Liscano s’est inspiré du Désert des Tartares et de sa propre expérience racontée dans Le fourgon des fous (NB avril 2006). Les mots d’une précision saisissante imposent le sentiment d’emprisonnement et d’aliénation que ressent le narrateur. Le style dépouillé, allié à son sens de l’absurde, donne à cette fiction écrite en 1988, deux ans après sa libération de prison en Uruguay, intensité et émotion.