Rue Monsieur-le-Prince

CASTINO Didier

Novembre 1986. Le projet Devaquet sur la réforme des universités a mis la jeunesse française dans la rue. A Aix-en-Provence, Hervé, en première année de fac, s’engage aux côtés des frondeurs. Avec la jolie Artémis et quelques amis, ils montent à Paris soutenir la manifestation prévue le 4 décembre. Charles Pasqua, ministre de l’intérieur, répond par la force à la mobilisation estudiantine. C’est par la radio qu’Hervé apprend la mort de Malik Oussekine, victime d’une bavure policière.    Le second roman de Didier Castino (Après le silence, NB septembre 2015) est construit en trois parties : entre l’avant et l’après, il y a la nuit où Malik Oussekine est entré dans l’Histoire, devenant le « syndrome » d’une course-poursuite à l’issue fatale. Reprenant les points de vue de la victime et du bourreau, cette reconstitution dans un style ciselé et au rythme haletant est particulièrement touchante. Elle fait passer au second plan les considérations sociologiques générationnelles de l’auteur qui relie l’origine d’un racisme aux relents nauséabonds à l’entrée du Front national au Palais-Bourbon. À l’éveil de la conscience politique du héros fait écho l’hommage rendu aux victimes « présumées coupables » du fait de leur origine et de leur couleur. (A.-C.C.-M. et L.C.)